« C’est un moment historique. Jamais auparavant un aussi grand nombre de pays n’avait signé un accord international en une seule journée », s’est félicité, ce matin, le Secrétaire général de l’ONU à l’ouverture de la cérémonie de signature de l’Accord de Paris sur le climat, au Siège de l’Organisation, à New York, dont la tenue coïncidait avec la Journée internationale de la Terre nourricière.
Réunis dans la salle de l’Assemblée générale, 31 Chefs d’État, deux Vice-Présidents, 24 Chefs de gouvernement, 9 Vice-Premiers Ministres, un ancien Président, 29 Ministres des affaires étrangères et 57 autres Ministres, ainsi que 20 Représentants permanents, soit au total 175 États Membres, ont paraphé l’Accord conclu à Paris, le 12 décembre dernier, lors de la dernière Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques. Quinze États ont d’ores et déjà déposé leurs instruments de ratification, a relevé M. Ban.
« Nous battons des records dans cette salle, ce qui est une bonne nouvelle. Mais des records sont également battus à l’extérieur. Températures mondiales record. Fonte des glaces record. Niveaux record de carbone dans l’atmosphère. Nous sommes engagés dans une course contre la montre », a mis en garde le Secrétaire général, en exhortant tous les pays à agir pour que l’Accord de Paris puisse entrer en vigueur dès que possible.
Invoquant l’esprit d’Abraham Lincoln, l’acteur américain et Messager de la paix des Nations Unies Leonardo DiCaprio s’est tourné vers les États Membres pour leur dire que l’heure est venue de prendre des engagements sans précédent. « Ce n’est plus le moment de discuter, de lancer des études et de permettre aux industriels de dicter notre avenir. Le monde se tourne vers vous et vous serez soit applaudis par les générations à venir, soit pointés du doigt ».
« La fenêtre de tir qui permettait de maintenir la hausse de la température globale en dessous de 2 degrés Celsius, et encore moins de 1,5 degré, est en train de se fermer rapidement », a insisté M. Ban. Pour le Secrétaire général, « si tous les pays signataires adhèrent à l’Accord, la communauté internationale aura satisfait à l’exigence juridique pour le faire entrer en vigueur, à savoir la ratification par au moins 55 pays représentant 55% des émissions mondiales de gaz à effet de serre ».
Pays d’accueil de la COP21, la France a, par la voix de son Président, M. François Hollande, annoncé à la tribune de l’Assemblée avoir demandé au Parlement français de ratifier l’Accord de Paris d’ici à l’été prochain, tout en souhaitant que l’Union européenne suive cet exemple avant la fin de l’année. Pour le Chef d’État français, la conclusion de cet instrument juridiquement contraignant, au lendemain des attentats terroristes de Paris, a représenté « un moment d’émotion comme il y en a peu dans la vie d’un dirigeant politique ».
Si « cette plénière au Bourget fut inoubliable », le Secrétaire d’État des États-Unis, M. John Kerry, a quant à lui encouragé les États Membres à exploiter le « pouvoir » d’un instrument qu’il a lui-même signé aujourd’hui au nom de son pays, sa petite-fille assise sur ses genoux. Insistant davantage sur les « possibilités » offertes par l’« accord le plus solide et le plus ambitieux jamais conclu en faveur de l’environnement » plutôt que sur les obligations qu’il crée pour les États Parties, le Chef de la diplomatie américaine s’est réjoui que le secteur privé soit désormais considéré comme un partenaire à part entière des gouvernements.
L’an dernier, a-t-il expliqué, les investissements dans l’énergie renouvelable dans le monde ont atteint un niveau sans précédent, avec un montant total de 330 milliards de dollars. Pour la première fois, c’est dans le développement des énergies renouvelables que nous avons investi bien plus que dans l’exploitation des combustibles fossiles, s’est félicité M. Kerry.
Faisant sien ce constat, le Premier Ministre du Canada, M. Justin Trudeau, a indiqué qu’avec 19 autres pays, le sien avait noué un partenariat mondial qui s’est fixé pour objectif de doubler les investissements dans les énergies propres.
Mais le Chef de Gouvernement a répondu également présent à l’appel de nombreux pays en développement à avoir pris la parole tout au long de cette Journée de la Terre nourricière pas comme les autres, en annonçant que le Canada investira, « au cours des cinq prochaines années », 2,5 milliards de dollars pour accroître la part des énergies renouvelables dans le bouquet énergétique de ces pays.
« Ce n’est qu’en travaillant ensemble que nous parviendrons à mettre en œuvre l’Accord de Paris », a-t-il lancé sous une salve d’applaudissements, en résumant le sentiment général qui a prévalu parmi les pays les moins avancés (PMA) et les petits États insulaires en développement. Le Vice-Premier Ministre de la Chine, M. Zhang Gaoli, a annoncé que les autorités à Beijing –qui accèderont à l’Accord de Paris « avant même le Sommet du G-20 prévu en septembre prochain »– maintiendraient leur appui à la coopération Sud-Sud.
Pays développés et pays en développement se sont livrés à une surenchère d’annonces de réduction des émissions de gaz à effet de serre. La Princesse Lalla Hasna, du Maroc –pays hôte de la vingt-deuxième session de la COP, les 7 et 8 novembre prochains– a ainsi indiqué que son gouvernement a pour ambition de diminuer ses propres émissions de 32% d’ici à 2030, date butoir pour réaliser les objectifs de développement durable.
« Nous avons bon espoir que la COP22 de Marrakech soit une occasion de renforcer la prise de conscience mondiale quant à la nécessité de poursuivre l’engagement collectif face aux changements climatiques », a poursuivi Lalla Hasna. Elle a souhaité que « des procédures et mécanismes d’opérationnalisation » de l’Accord de Paris soient approuvés avec, notamment, l’adoption d’un plan d’action pour la période pré-2020 en matière de réduction des émissions, d’adaptation, de financement, de réduction des capacités, de transfert de technologie et de transparence.
Au terme d’une journée de débats qui aura compté plus de 170 orateurs, dont des représentants de la société civile, du secteur privé et des jeunes, Mme Fatma Güldemet Sarı, Ministre de l’environnement et de la planification urbaine de la Turquie, a annoncé que son pays était candidat à l’organisation de la Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques prévue en 2020.
Mme HINDOU OUMAROU IBRAHIM, Coordonnatrice de l’Association des femmes et des peuples autochtones du Tchad et représentante de la société civile, a indiqué que les droits fondamentaux des groupes qu’elle représente sont menacés par les changements climatiques. « Lorsque j’ai quitté mon pays, a-t-elle dit, la température était de plus de 48ºC. » Dans le cadre d’un autre projet, ce savoir traditionnel ne peut mettre un terme à l’utilisation de combustibles fossiles. « Dans ma communauté, des milliers de femmes et d’enfants n’ont jamais utilisé l’électricité. Pour nous, la véritable justice climatique, ce sont les énergies renouvelables pour tous », a déclaré Mme Ibrahim, en demandant aux États Membres de renforcer leur coopération en faveur du développement de ces énergies.